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FunkyGrooves
3 novembre 2020

Amara Touré ‎– 1973-1980 (Analog Africa, 2015)

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Encore une fatale compile, dont voici la chronique parue sur RFI :

Un parfum de mystère se dégage de la première compilation consacrée à Amara Touré, chanteur guinéen ayant fait carrière au Sénégal, au Cameroun puis au Gabon dans les années 70, avec un répertoire afro-cubain.

Dans les ouvrages de référence sur la musique africaine publiés au cours des dernières décennies, au mieux, Amara Touré a droit à une demi-ligne. En fait, que son nom soit cité relève déjà du domaine de l'exception, car dans l'immense majorité des cas, il en est tout simplement absent. Difficile, au premier abord, de mettre en équation une telle forme de discrétion durant toute une carrière, avec la cote qu'a atteint depuis quelques années, cet artiste ressuscité par les diggers, ces chercheurs de trésors musicaux. 

Comment comprendre que ce Guinéen, au regard des qualités qu'on lui prête aujourd'hui, ait laissé si peu de traces discographiques, alors même qu'il évoluait à une époque où les représentants de son continent commençaient à se faire entendre activement sur la scène internationale et que les producteurs occidentaux s'étaient mis à observer plus attentivement ce qui se passait dans les anciennes colonies ?
 
Si les interrogations, légitimes, ne manquent pas, la logique a aussi ses limites. Passer à travers les mailles du filet constitue une possibilité. C'est justement ce que souligne, en filigrane, le projet mené par le label allemand Analog Africa, spécialisé dans les causes oubliées qui méritent un meilleur traitement, même tardivement. Car les disques vinyle sont là, tels des éléments objectifs, pour mettre un son, une voix, un style, sur un chanteur resté sinon inconnu, du moins largement méconnu.
 
Trois 45 tours et un 33 tours
 
Mais pour qu'une légende prenne corps – on pense forcément à celle du folk singer américain Sixto Rodriguez, il y a quelques années –, plusieurs conditions doivent être réunies. Une histoire, aussi romanesque soit-elle, ne suffit pas. Il faut aussi que le talent soit incontestable. Amara Touré possède les deux, comme s'attache à le décrire le livret de la compilation qui vient donc de lui être consacrée, et comme le laissent entendre les dix morceaux rassemblés sur le CD. Soit la totalité de ses enregistrements, en près de 35 ans au micro dans les cabarets : trois 45 tours et un 33 tours !
 
Pour compliquer la tâche, et rendre l'entreprise du label encore plus excitante, un autre ingrédient vient s'ajouter : l'intéressé semble avoir disparu des écrans radars. Aucune des personnes contactées, ami d'enfance ou musiciens avec qui il a longuement et étroitement collaboré, n'a de ses nouvelles !
 
Silence absolu depuis 1996, date à laquelle il a cessé de travailler avec l'orchestre Massako de Libreville, tantôt présenté comme relevant des FTN du Gabon (forces terrestres et navales), tantôt des FAG (forces armées gabonaises). Amara Touré y était arrivé en 1980, en provenance du Cameroun où il venait de séjourner dix ans, se produisant à Yaoundé avec l'Ensemble Black & White qui devait souvent jouer dans deux endroits différents dans la même soirée ! Son répertoire afro-cubain y était très apprécié.
 
"Ce succès lui a donné l'idée d'enregistrer quelques morceaux, et comme ses prestations quotidiennes étaient très applaudies, il a pris confiance. Il voulait suivre les exemples de ceux qui, comme Laba Sosseh, étaient reconnus sur la scène internationale. Il a décidé de tenter le coup, mais ce n'était pas une tâche facile, parce que le Cameroun souffrait (et souffre toujours) d'un énorme manque de moyens d'enregistrement. Grâce à l'aide de deux importants membres de la société nationale de radio-télévision, Amara Touré a réussi à enregistrer son premier 45 tours avec les chansons N'Niyo et Cuando Llegare", raconte le saxophoniste Moustapha Diop qui connait particulièrement bien le Guinéen pour avoir grandi avec lui à Dakar.
 
L'idéal panafricain
 
Arrivé au Sénégal alors qu'il n'avait pas trois ans, le jeune Amara est peu disert, gêné par son fort bégaiement. Sauf quand il chante. Au fameux Miami Club d'Ibra Kassé, haut lieu de la vie nocturne dans la capitale où les rythmes cubains sont très en vogue, il fait ses débuts à la fin des années 50. Et rejoint rapidement le Star Band, formation devenue une institution de la musique sénégalaise.

De plus en plus à l'aise dans ses interprétations, il se fait remarquer pour savoir conserver la saveur des titres originaux tout en apportant sa propre culture. Quand se présente la possibilité de s'expatrier au Cameroun, en 1970, il y voit une opportunité à saisir.

 
Cette mobilité qui caractérise la carrière d'Amara Touré reflète aussi une tendance assez prononcée, à cette époque, dans le milieu musical africain. Elle ne manque pas de rappeler le parcours itinérant de Manu Dibango, résident à Kinshasa où Joseph Kabasele l'avait fait venir, puis dans son Cameroun natal, avant d'exercer des fonctions à Abidjan, en Côte-d'Ivoire. À travers leurs démarches, les artistes aussi contribuent à l'idéal panafricain.
Bless.
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